Vieillir chez soi en situation de dépendance : attachement au domicile et (dis)continuité identitaire au grand âge
La recherche porte sur les interventions liées aux aides et aux soins, par des proches et des professionnelles, nécessaires au soutien de l’autonomie à domicile de personnes âgées en situation de dépendance en France (Alsace). Cet article interroge l’ambiguïté de l’attachement au domicile, entendu dans le double sens de « ce à quoi l’on tient » et « ce qui nous tient », dans certaines situations « limites » de maintien à domicile. L’analyse porte sur la corrélation entre ladite ambiguïté et la survenue d’un sentiment de discontinuité identitaire. Cette recherche mobilise des entretiens compréhensifs menés auprès de personnes âgées en situation de dépendance et souffrant de troubles neurocognitifs, de professionnels de l’aide et des soins et de proches aidants (N=41), ainsi que des notes de terrain issues d’observations participantes lors de visites de soignantes à domicile. Les personnes âgées se trouvant attachées de manière « identitaire-incertaine » et « insécure » à leur domicile y sont confinées la majeure partie du temps en raison de vulnérabilités combinées : psychique, physique, économique et (surtout) relationnelle, notamment par l’absence de proches mobilisé·e·s dans l’aide et les soins au quotidien. Certaines personnes en situation de dépendance manquent d’attachements interpersonnels signifiants, leur fournissant des opportunités d’engagement et soutenant leur réflexivité dans le rapport entretenu à leur domicile. Son statut devient alors ambigu, au point parfois de mettre à mal sa fonction de « chez-soi » protecteur et permettant la projection de l’identité de l’habitant. Mobilisant principalement la sociologie des attachements, l’ambition de cet article est d’apporter un éclairage novateur à ce champ, tout en contribuant de façon originale aux analyses relatives au chez-soi face à des situations de dépendance. Lire l'article