« Combattre d’égale à égal »Féminités combattantes et féminisme pragmatique dans les sports de combat
Au tournant des années 2000, les ethnographes ont investi les sports de combat — à commencer par la boxe — comme un laboratoire d’étude des dominations masculines et des résistances féminines éprouvées dans l’expérience du corps-à-corps. Une majorité d’études a souligné la subalternité paradoxale des combattants, aussi souvent dominants au regard de leurs aptitudes aux affrontements physiques que dominés en termes de position socio-raciale. La description de ces masculinités dominantes/dominées a dès lors guidé celle des hégémonies masculines dans les sports de combat. Par contraste, les ethnographes qui ont décrit les féminités combattantes les ont souvent observées et comprises du point de vue d’un « féminisme physique » majoritairement promu par des femmes blanches issues des classes moyennes intellectuelles. Qu’en est-il des combattantes subalternisées, de leur engagement physique et du sens qu’elles donnent à leurs épreuves de l’adversité, dans et au-delà du corps-à-corps ? C’est tout l’enjeu de cet article que d’apporter des réponses à cette question, aussi insuffisamment documentée par l’ethnographie que propice à interroger non seulement les féminités, mais le « féminisme pragmatique » des combattantes qui résistent quotidiennement aux dominations — de genre, de classe et de race — au travers de leur engagement dans une lutte inséparablement physique et sociale. En savoir plus