La Revue des Sciences Sociales est une revue généraliste qui convoque différentes disciplines (sociologie, ethnologie, démographie, parfois histoire ou philosophie) autour d’un thème de société.  Éditée à Strasbourg depuis 1972, la revue exprime une communauté d'approches dessinées par cet ancrage : carrefour de cultures, savoirs et mémoires, mais également pays frontalier et européen, marqué par les conflits et les recompositions. Cette histoire intellectuelle, souvent engagée, résonne avec les défis du monde contemporain. À partir de recherches méthodologiquement solides, la revue se propose d’interroger les représentations, d’analyser les pratiques, de décloisonner les savoirs, de valoriser les différents langages des sciences sociales, dont l’image. La réception des auteurs allemands et l’influence de la sociologie compréhensive, l’amènent à rendre compte du caractère complexe et multiple de l’expérience et à penser la place du sujet dans l'intelligence du social.

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Numéro 69 2023 I  Faire avec la crise - Enfance et jeunesse à l’épreuve

coordonné par Sylvie Octobre (Centre Max Weber UMR 5283, Ministère de la Culture) et Régine Sirota (Centre de recherche sur les liens sociaux UMR 8070, Université Paris Cité)

Si le concept de crise a souvent été travaillé par les sciences sociales, la récente pandémie, brutale, mondiale et visible, lui a donné une acuité et des contours renouvelés. Cet évènement a aussi provoqué le déclenchement ou l’accentuation de crises plus latentes, durables et sous-évaluées (celle des hôpitaux, celle de la confiance dans le corps politique, celle de l’extensivité de la solidarité intergénérationnelle etc.), tout en mettant en débat le modèle de société démocratique, le contrat social et les représentations d’une « vie bonne ». L'enfance et la jeunesse ont alors été – le plus souvent dans l’urgence – au centre de l'actualité et du débat public. Dans ce contexte, le numéro coordonné par Sylvie Octobre et Régine Sirota explore les multiples façons dont des crises – sanitaires, sociales ou politiques – ont mis à l’épreuve les jeunes générations et affecté leurs expériences, conditions de vie et constructions du rapport au monde. La thématique du dossier trouve un prolongement dans l’ensemble iconographique constitué de photographies représentant le Parc des peintures murales de Ponticelli en Italie (Parco dei Murales). Ce projet de street art, conçu et animé par l’observatoire INWARD de l’association culturelle Arteteca, témoigne de l’implication des enfants et des jeunes d’un quartier défavorisé dans un programme de créativité urbaine et sociale. Parmi les trois articles hors-dossier, et dans la continuité du débat lancé dans le numéro 68 sur l’écriture en sciences sociales, la contribution signée par les collectifs Camille Noûs et RogueESR invitent la communauté académique à reconsidérer la fonction-auteur pour conserver l’intégrité de « l’éthos propre à l’activité des scientifiques ».


Numéro 68 I 2022 I  50 ans d’écriture en sciences sociales

La Revue des sciences sociales fête en 2022 un demi-siècle de publications. Ce numéro constitue l’occasion de revenir sur les raisons de sa fondation et sur une communauté d’approches dessinée par une histoire, un espace-frontière, un ancrage institutionnel, un collectif de pensée en interaction avec son auditoire, une circulation distinctive de savoirs. Cette traversée nous a aussi permis de réfléchir aux conditions d’émergence d’une revue, ainsi qu’aux défis et aux contraintes qui influencent aujourd’hui le paysage de l’édition en sciences humaines et sociales. Dans un contexte de plus en plus marqué par des procédures standardisées et hégémoniques d’évaluation et de rédaction académiques, nous nous arrêtons sur ces formes d’écriture qui convoquent le récit, la poésie, l’image, le théâtre, l’expérience sensible pour raconter, dans toutes ses nuances, la complexité des existences sociales. La question de l’écriture est alors plus que jamais dérangeante et stimulante, entre la mission qu’ont les revues scientifiques de valider des connaissances et celle de laisser surgir des démarches inédites, des voix singulières, parfois en dissonance et pourtant indispensables au renouveau des savoirs.


Numéro 67 I 2022 I Confiance et vérités

Sous la direction de Benoît Fliche et Christophe Pons

La multiplication et la diversité des instances productrices de vérités s’accompagnent, aujourd’hui, d’une montée de l’incertitude et de la perte de confiance dans les institutions censées garantir le vrai. Le rapport entre confiance et vérité(s), une problématique fondatrice des sciences sociales, s’en trouve renouvelé, tant il nous confronte, comme le soulignent Benoît Fliche et Christophe Pons coordinateurs du dossier, « à l’effondrement du commun » et à la nécessité de savoir jongler avec une pluralité des réels.
À travers quatre domaines – le religieux, le politique, la production des subjectivités, la science – et un parti pris épistémologique nouveau, les articles analysent le couplage particulièrement heuristique entre confiance et vérités, rendant ainsi compte de la complexité. Un inédit en français d’Alfred Schütz et Thomas Luckmann sur « La familiarité des éléments de connaissance », enrichit le dossier.
La revue étrangère accueillie, Curare. Zeitschrift für Medizinethnologie, propose au lectorat français un retour réflexif sur les travaux de Jeanne Favret-Saada et leurs conséquences profondes sur l’anthropologie et l’histoire de la psychanalyse.
L’iconographie de l’artiste Stefano Gioda décline enfin la rencontre du familier et de l’incertain et les zones grises de la rationalité.