La fin des parlers d’Alsace et de Moselle. Comment la langue française s’est imposée
Dans un plaidoyer récent « en faveur des langues régionales et des langues d’origine des enfants des immigrations », et plus largement de « la diversité linguistique et culturelle », le linguiste Gilbert Dalgalian évoque « le cas le plus désolant de tous : le statut des parlers d’Alsace et de Moselle dont la référence écrite est l’allemand » . La situation de la langue régionale est en effet accablante en 2022 et n’a plus rien à voir avec celle d’avant 1870, de l’entre-deux-guerres, voire de 1950. En 1946, un auteur comme Emile Baas pouvait encore décrire l’Alsace comme « un traditionnel pays de bilinguisme » . Ce n’est plus le cas. La politique d’assimilation linguistique pratiquée par l’État est parvenue à son terme. La transmission de la langue régionale n’est plus assurée. Les jeunes générations ne la parlent plus que de manière résiduelle et à peu près jamais entre eux. On est passé en quelques décennies, selon l’ethnolinguiste Pierre Vogler, d’un unilinguisme alsacien/allemand à un unilinguisme français « en passant par un moment de bilinguisme dont ne subsistent aujourd’hui que de faibles traces ». Le processus a été encore plus rapide en Moselle.