Des enfants qui circulent. Relations électives, relations contraintes au fil de quatre générations
À partir d’une recherche anthropologique menée à Rome, Varsovie et Gdańsk, de 2002 à 2018, l’article analyse la famille comme un espace de circulation des enfants à travers des expériences d’adoption informelle, de famille d’accueil (fosterage) ou de gardiennage. La description de trois cas, suivis sur une longue période, permet de dégager trois modalités de circulation qui vont d’un changement de foyer permanent (sans pour autant qu’il y ait une modification dans la filiation), à des formes réversibles d’accueil résidentiel, jusqu’à des pratiques de soin (care) et de proximité résidentielle. Ces configurations s’échelonnent dans le temps et évoluent avec les idéaux normatifs autour de la relation parentale et du statut de l’enfant. La circulation d’un enfant semble marquer les générations suivantes et induire d’autres formes de transfert, une plus forte propension à la mobilité entre les résidences et une présence accrue des collatéraux dans les espaces domestiques. L’article montre également le caractère genré de ces relations. Ces échanges enfin donnent à voir un jeu complexe entre affinités électives et jeux de pouvoir associés à des contraintes de type économique ou à des asymétries de statut. En savoir plus