Comité d’organisation
Adolphe Badiel, Manon Beaucourt, Clara Boutet, Jiyu Choi, Clément Fontannaz, Irina Georgieva, Josselin Matont, Hervé Moritz, Mihaela-Gabriela Onet, Esra Tuncer, Laura Veri, Fofana Yacouba
Discutants
Marie Balas, Geremia Cometti, Emmanuel Droit, Marie Durand, Helena Prado, Jeanne Teboul
La première journée doctorale du LinCS, organisée par des doctorants et doctorantes, en lien avec des enseignant·e·s chercheurs·euses, a discuté le thème du témoignage(s), une thématique transversale à l’ensemble des sciences humaines et sociales et disciplines représentées dans le LinCS. Les échanges se sont principalement concentrés autour des questions de méthodologie, et d'épistémologie. Les communicants ont pu soulever et exposer les difficultés qu’ils pouvaient rencontrer sur leurs terrains respectifs. Opportunité de donner la parole aux jeunes chercheurs dans un cadre bienveillant, cet événement placé sous le signe de la pluridisciplinarité et de l’interdisciplinarité s’inscrit dans le projet de notre nouveau laboratoire : mettre en avant les travaux des doctorants et encourager le dialogue entre jeunes chercheurs et chercheurs confirmés.
Le premier panel de la journée, intitulé « Démêler le vrai du faux : approche(s) de l’authenticité du témoignage », s’est centré sur la mise en tension de ce qui fait autorité, de ce qui fait foi, de ce qui est fidèle à, de la relation de conformité et de la vérification qui fondent le caractère authentique associé aux témoignages, à travers le travail de réflexivité et de croisement des sources. Laura Veri, doctorante en histoire, a ouvert ce panel en abordant l’utilisation d’archives écrites dans le cadre de sa recherche sur les réseaux politiques estoniens en exil pendant la Guerre froide. Elle a ainsi lancé les discussions sur la production, la réception et la transmission de récits personnels, et de ce fait de visions subjectives de l’histoire. Adolphe Badiel, doctorant en anthropologie, a quant à lui interrogé l’impératif de “promotion de soi” dans la culture néolibérale qui enferme l’individu et qui complique, voire rend caduque, le travail d’authentification des témoignages. La question de l’authenticité a de plus ouvert des discussions méthodologiques qui ont fait l’objet du second panel : « De “vous” à “moi” : formes et transmissions du témoignage ». Interroger ces formes éclaire ainsi la manière d’appréhender le classement, l’analyse et l’utilisation des témoignages dans nos recherches. Odile Planson, doctorante en histoire contemporaine a abordé les enjeux de l’usage de témoignages d'enseignantes dans la période post-réunification en Allemagne de l’Est. Elle a ainsi mis en valeur le caractère heuristique de l’analyse de témoignages dans le champ scolaire et la prise en compte de discours distincts du récit consensuel sur la réunification. Esra Tuncer, doctorante en sciences du langage a conclu le panel en interrogeant en proposant une discussion autour du statut du langage comme support de témoignage(s) à partir des difficultés rencontrées dans l’élaboration de questionnaires destinés à étudier l’évolution comparée des langues azerbaïdjanaise et turque.
Les discussions collectives ont finalement permis d’esquisser une ligne de partage disciplinaire entre l’utilisation de sources produites par d’autres et la production de sources par le chercheur lui-même. Le témoignage apparaît en effet comme l’objet d’une rencontre entre la source et le chercheur, avec et selon sa méthodologie. Outre la richesse théorique de ces échanges, cette journée a permis aux doctorants présents de confronter leurs rapports à leurs terrains de recherche et les difficultés rencontrées dans l’élaboration de leur thèse.