Émotions et théories des organisations - Une perspective socio-historique et interdisciplinaire
Contrairement aux recherches en psychologie (Rimé, 2016) et bien qu’elles ne soient pas absentes des travaux des fondateurs tels qu’Émile Durkheim, Max Weber et Georg Simmel (Amadio, 2007 ; Cuin, 2001 ; Favret-Saada, 1994), les émotions sont longtemps restées secondaires dans les analyses des sciences sociales. Ce n’est qu’à partir du milieu des années 1970 que des sociologues américains (Hochschild, 1979 ; Scheff, 1977 ; Kemper, 1978), s’appuyant sur les développements en psychologie des émotions, ont commencé à consacrer des travaux à la question des émotions. Ils donneront lieu à une importante activité en sociologie générale, créant un domaine d’étude quasi autonome dont témoigne la section Sociology of emotions de l’American Sociological Association. Il faudra cependant attendre le milieu des années 1990 pour que la sociologie américaine des organisations étudie plus avant les émotions (Ashforth et Humphrey, 1995 ; Berricat, 2016). Ce n’est pas le cas de la sociologie française... Lire l'article