Démocratie alimentaire et approches sensibles dans la transition écologique
Cet article interroge la place accordée aux dimensions sensibles (au sens d’attachement, de ce qui « fait sens », ce à quoi l’on tient) ainsi que leur rôle au sein des dispositifs et expérimentations qui visent la transition écologique dans et par les systèmes alimentaires, à travers six cas situés dans différentes régions de France. Plus précisément, il sonde ces attachements afin de voir ce qu’ils peuvent apporter à la participation de publics à première vue éloignés des enjeux de transition écologique, et en explore la portée en matière de politisation. Il montre que la prise en compte de ces attachements offre un contrepoint aux approches technicistes et normatives de la transition écologique, tout en permettant de traiter les enjeux de la démocratie et de la justice alimentaires. Il identifie trois voies de politisation, diversement combinées dans les six expérimentations étudiées : la capacitation/l’augmentation du pouvoir d’agir (empowerment), la valorisation des pratiques et/ou des savoirs, et la formation de collectifs. Il suggère, enfin, qu’en dépit des limites que nous identifions, la prise en compte de ces dimensions sensibles favorise, sous certaines conditions, l’inclusion et la participation de ces publics. Cette prise en compte offre en outre une voie privilégiée pour l’articulation des enjeux de justice et de démocratie alimentaires aux enjeux environnementaux, ce qui mériterait d’être davantage considéré ou du moins discuté dans le cadre des politiques de transition écologique. En savoir plus