Comment faire parler ceux que l’on n’écoute plus ? (suivi de : et que faire de cette parole ?)"

Conférence de Sophie Rouay-Lambert, qui présentera ses recherches sur le sans-abrisme et sur les usages (ressource, effets et problème) de médias tels que les croquis, photographies, vidéos et cheminement urbain filmés

Entre l’habitude de ne pas ou plus se faire entendre, la fabrication de discours préconstruits à l’attention des institutions en charge de l’aide sociale, la débrouille en marge et parfois la résignation, les personnes en situation d’errance sociale et sans domicile fixe ne voient pas ou plus l’intérêt de partager leurs expériences à travers la narration de leur parcours de vie. Certaines en ont même perdu la trame.

Sur ces terrains, ils s’agit de faire preuve de créativité et d’éthique. La co-élaboration du corpus avec les personnes enquêtées est ainsi au centre de la démarche abordée à l’occasion du séminaire. Les médias mobilisés (croquis, photos, vidéos, cheminements urbains, etc.) sont propices à la prise de parole, à la narration de soi et à une certaine prise de distance avec la situation vécue.

Il reste que la relation d’enquête engage les chercheur.e.s dans une responsabilité vis-à-vis de la parole délivrée et de la manière dont celle-ci, en retour, est reçue par les personnes enquêtées. La question de l’esthétique, par exemple, s’est posée lors d’un terrain : réécouter /relire son histoire, se (re)voir à l’image ou regarder son environnement de vie à l’écran est constitutif de la (re)construction de l’image de soi. La place de l’image et du verbe devient centrale. C’est une autre manière d’envisager les effets de l’enquête et d’en prendre la mesure.

Séance organisée par Marie Balas