Lorenzo Navone in "Lo Squaderno",n° 63, dossier coordonné par Lorenzo Navone & Andrea Mubi Brighenti

L'article explore les trous et les tunnels - sortes de "trous prolongés" - en soulignant leur fonction positive, "socialement productive" : loin d'être des espaces neutres et sans intérêt, les trous et les tunnels peuvent être considérés comme des espaces épais, dont l'atmosphère active tous nos sens. En outre, les trous et les tunnels sont des artefacts qui remettent en question la relation entre l'espace et le temps en la reconfigurant constamment, car ils redéfinissent la mémoire et la perception des lieux. Ils sont à la fois des espaces conçus et vécus, pris dans d'intenses interactions sociales. Éléments centraux des rituels associés à certaines étapes de la vie, les trous et les tunnels sont souvent au cœur de conflits et tensions : ils peuvent définir, amplifier ou renverser les hiérarchies sociales, exerçant simultanément une fonction de conjonction et de disjonction - à l'instar de ce que Lévi-Strauss disait du brouillard, qui nous relie tout en nous rendant mutuellement invisibles.

Cet article constitue une tentative préliminaire de dresser une phénoménologie des trous et des tunnels en soulignant leur importante dimension sociale. Considérés dans leur sens métaphorique et pratique, les trous rappellent notamment le concept de tiers-espace du géographe Edward Soja. En savoir plus