Restes inquiets : matérialités et mémoires contrariées des morts

Jeanne Teboul et Clara Duterme (dir.), in "Anthropologie et Sociétés", Volume 48, numéro 3, 2024.

Ce numéro s’intéresse au devenir de certains restes humains qui échappent aux circuits ordinaires de prise en charge des cadavres et se trouvent de ce fait dans une position liminaire. Nous qualifions d’« inquiets » ces restes, dans la mesure où ils ne « reposent pas en paix », leur destin funéraire n’étant pas finalisé. Les violences qui les ont produits ont souvent impacté leurs trajectoires et/ou leurs matérialités. Les déplacements géographiques (exhumations, transferts, stockages) ou temporels (redécouverte après une longue période) qu’ils ont subis remettent en question le fait qu’ils soient « à leur place ». Parallèlement, et dans les cas qui nous occupent, le caractère tangible du cadavre est mis en défaut par des matérialités contestées, invisibilisées ou transformées (fragmentées, squelettisées, recomposées), non conformes aux représentations habituelles du corps mort. Ces configurations complexes engendrent un doute sur la qualification ontologique de ces restes qui se trouve suspendue, différée ; en somme, problématique. En savoir plus