Entre Amérique latine et Europe : Nouveaux récits de voyage dans l’espace atlantique postcolonial
Cette journée d’étude vise à faire dialoguer chercheuses et chercheurs travaillant sur les récits de voyage produits dans l’espace atlantique, sous des formes variées (œuvres littéraires, guides touristiques, livres de photographies, enregistrements radiophoniques, films ou reportages télévisés, etc.), dans la seconde moitié du XXe siècle. Si les récits de voyage sont des sources qui ont été abondamment étudiées pour le XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle, en tant que récits d’exploration, comptes rendus d’explorations scientifiques, témoignages de l’expansion coloniale de l’Europe ou vecteurs de représentations du lointain, « le temps du monde fini » qu’évoquait Paul Valéry dès 1931 et la disparition progressive des derniers blancs de la carte resémantisent la forme et les contenus de ce genre littéraire.
Dans les décennies qui suivent la Seconde Guerre mondiale surviennent toute une série de bouleversements techniques et géopolitiques qui transforment la nature du voyage et de ses relations. D’une part, l’essor de l’aviation civile et d’un tourisme de masse démocratisent l’expérience du déplacement vers d’autres mondes et permettent l’apparition de nouveaux acteurs, porteurs de nouveaux récits. D’autre part, la décolonisation de l’Afrique et de l’Asie, l’émergence de la catégorie « Tiers Monde » et du tiers-mondisme, la remise en question de l’ethnocentrisme et de la vieille dichotomie entre « centre » et « périphéries » ou encore l’attraction exercée par diverses expériences politiques comme la Révolution cubaine, transforment le sens du voyage, qui se veut désormais plus authentique, mais aussi souvent plus politique. En plaçant la focale sur les récits de voyage du second XXe siècle, cette journée d’étude propose donc d’interroger la tension entre la persistance d’une tradition héritée du XIXe siècle, voire d’époques antérieures, et le renouvellement d’un genre pourtant très codifié. On s’attachera particulièrement à analyser les pratiques touristiques et leurs mises en récit, le tourisme militant, les nouveaux formats de récits de voyage (portraits de pays, livres de photographies, films et vidéos, guides touristiques, etc.) et les regards portés sur un monde à la fois rétréci et métamorphosé.
