Entre épingles et seringues : devenir Gavroche

Jérôme Beauchez

dans "Ethnologie française" 2022/1 (Vol. 52), pages 183 à 198

Cet essai se lit comme un récit d’apprentissage. Celui des années où Gavroche s’est fait à la rue, entre épingles et seringues, ou quotidien punk et toxicomanie. Autant de tableaux existentiels qui ne constituent pas une histoire de vie, mais proposent plutôt d’en prélever quelques extraits fondateurs. Ceux-ci permettent d’aborder à nouveaux frais une question classique de la sociologie des subcultures marginales : celle du devenir déviant ou, ici, punk et toxicomane. Suivre quelques-unes de ces étapes décisives permet de tracer les contours d’une phénoménologie de l’in-dépendance. Le trait d’union met en tension l’indépendance conquise dans les marges (une certaine héroïsation de la rue) et les nécessités de l’addiction (ou l’héroïne comme substrat d’une toxicodépendance).