(A) qui sont les restes humains ?

Événement passé
Journée d'études

Journée d'études dans le cadre de l'ANR

15 février 2024
9h
Misha, salle de Table Ronde

Depuis une vingtaine d’années, les morts font l’objet d’une attention toute particulière en sciences sociales, et singulièrement en anthropologie. Les travaux académiques récents ont ainsi mis en évidence le dynamisme de la « vie politique » des cadavres (Verdery 1999) et les enjeux nécro-politiques qu’ils suscitent (Ferrandiz & Robben 2015), les processus de (re)qualifications dont ils font l’objet et leur mobilité́ (Esquerre & Truc 2011), ainsi que l’importance du traitement funéraire et mortuaire qui leur est dédié́, notamment en contexte post-violence de masse (Anstett & Dreyfus 2015).
Cette journée d’études se donne pour objet d’interroger les modalités de la prise en charge des restes humains ou des corps issus de contextes de violence en portant le regard sur les acteurs qui en revendiquent ou en assument la responsabilité́. Une attention toute particulière sera portée aux cas où cette responsabilité́ est débattue, incertaine ou problématique. Ces conflits, qui seront travaillés au cours de la journée, nous permettront de questionner les enjeux relatifs à l’appropriation des défunts : comment un mort devient-il le « nôtre » ?
La prise en charge des restes humains peut être ici saisie comme un processus, une « chaine de responsabilité́ » impliquant de multiples acteurs (appareil policier et judiciaire, médecine, associations, familles, spécialistes religieux ...) ou bien à partir de la perspective d’un groupe d’acteurs, qui réclame les restes humains pour prendre en charge leur destin final, qu’il soit ou non funéraire.
Dans un cas comme dans l’autre, les communications pourront notamment développer les éventuels conflits qui émergent, qu’il s’agisse de conflits d’appropriation entre des groupes d’acteurs
qui revendiquent la responsabilité́ des restes ou en assurent la prise en charge ou de conflits d’usages, révélant des conceptions différenciées du devenir « légitime » de ces restes. Nous
cherchons à interroger :
• Ce que ces pratiques de prise en charge « font » aux morts, comment elles construisent leur qualification et/ou leur identité́
• Comment elles participent à construire un lien entre les vivants et « leurs » morts ».
• Comment elles produisent différentes modalités de qualifications des restes humains
(identifiés en tant que « preuves matérielles », « morts », « individus », « artefact », etc.)

Programme détaillé